Après quelques jours de flottement où vous avez peut-être vu passer des articles affirmant que l’aide à l’apprentissage serait drastiquement réduite (voire supprimée) l’an prochain.
Le couperet est tombé : à partir du 1ᵉʳ janvier 2025, l’aide à l’apprentissage, telle que nous la connaissons depuis 2020, subit des ajustements significatifs. Fini le dispositif exceptionnel généreux, place à des règles plus ciblées, visant à mieux répondre aux besoins spécifiques des petites et moyennes entreprises et à rationaliser les dépenses publiques.
Que signifient ces changements pour les entreprises, les organismes de formation, et les apprentis ? Voici tout ce que vous devez savoir pour anticiper et vous adapter. 👇
Contrairement aux précédentes annonces (qui prévoyaient une restriction de l’aide au niveau bac ou bac+2 pour les Outre-mer), le Gouvernement déclare désormais que l’aide est maintenue pour tous les niveaux de diplôme. Autrement dit, le niveau de qualification de l’apprenti n’est plus un facteur d’exclusion du dispositif.
Contrairement à certaines annonces initiales qui laissaient entendre une restriction de l’aide aux seuls diplômes jusqu’au bac (ou bac+2 Outre-mer), le communiqué officiel précise que l’aide sera valable quel que soit le niveau du diplôme préparé (CAP, bac, licence, master, etc.).
Selon la ministre du Travail et de l’Emploi, Astrid Panosyan-Bouvet, cette décision vise à :
Le décret doit être publié courant janvier 2025, après saisine de la Commission nationale de la négociation collective, de l’emploi et de la formation professionnelle (CNNCEFP). Les modalités d’entrée en vigueur (probablement autour du 1er janvier 2025) seront précisées à ce moment-là.
Le nouveau dispositif 2025 – 5 000 € pour les entreprises < 250 salariés, 2 000 € pour les plus grandes, maintien à 6 000 € pour le handicap – est accueilli comme un compromis entre soutien à l’insertion professionnelle et maîtrise des finances publiques. Si la plupart saluent la continuité de l’aide à tous les niveaux de diplôme, plusieurs sujets de tension demeurent :
Prenons un instant pour apprécier l’essor spectaculaire de l’apprentissage ces dernières années :
En résumé, l’apprentissage gagne du terrain dans le paysage de la formation professionnelle, attirant toujours plus de jeunes et d’employeurs, notamment grâce à des dispositifs financiers incitatifs. Cependant, l’évolution réglementaire à venir pourrait bien redessiner cette dynamique.
Les réactions suite à l'annonce, ont révélé un enthousiasme global pour la reconduction de l’aide, mais aussi plusieurs doutes quant à son impact réel et son financement. D’abord, certains estiment que la France « vivrait à crédit » en accordant des subventions massives, tandis que d’autres reprochent au dispositif d’être injustement étendu jusqu’au niveau master, au détriment des publics moins qualifiés.
On pointe également le risque de “mercenariat de l’alternance” : des employeurs profiteraient de ces aides pour renouveler en continu des apprentis, sans envisager de recrutement durable. Enfin, quelques voix regrettent que les contrats de professionnalisation ne bénéficient pas d’un soutien similaire, pénalisant ainsi les reconversions ou les publics de plus de 30 ans, pourtant eux aussi en quête d’un tremplin professionnel.
La reconduction de l’aide à l’apprentissage pour 2025, assortie d’une modulation (5 000 € / 2 000 € / 6 000 € pour le handicap), marque la volonté gouvernementale de maintenir la dynamique de l’alternance tout en réduisant son coût pour les finances publiques. Si la mesure est généralement saluée comme un équilibre entre soutien à l’emploi des jeunes et maîtrise budgétaire, plusieurs voix appellent à un suivi plus rigoureux du dispositif, une plus grande mise en cohérence avec les autres contrats en alternance (contrat de professionnalisation) et une simplification administrative réelle.
Quoi qu’il en soit, avec près d’un million d’apprentis en France, l’apprentissage reste perçu comme l’une des voies d’excellence pour faciliter l’insertion professionnelle des jeunes et répondre aux besoins en compétences des entreprises. Reste à voir comment ce nouveau cadre se traduira concrètement en 2025 et si les ajustements annoncés répondront aux interrogations de tous les acteurs concernés.